samedi 9 janvier 2010

Et voici le nouveau scénario

Les colocs

La vie est parfois bizarre et chaque jour nous présente son lot de surprises.

Durant ce mois de septembre 2007, le destin allait décider de la rencontre de deux jeunes étudiants qui allaient devenir les meilleurs amis du monde et les deux complices d’une vengeance diabolique. Mais commençons par le commencement, car à ce moment-même, ni l’un, ni l’autre ne se connaît.

Tibal a décidé de suivre des études d’infographie et, après quelques hésitations, son choix s’est arrêté sur la ville de Namur.

Jorge a quitté son Mexique natal pour suivre sa nouvelle amie rencontrée lors de ses dernières vacances. Son amie étant Belge, cela va lui faire un sacré changement de climat. Mais Jorge est décidé à s’imprégner de la culture et des us de ce pays bien étranger pour lui.

Tous deux, sans le savoir, ont trouvé sur internet la même proposition intéressante de location d’un studio en cohabitation, presqu’au centre de Namur, et à un prix relativement raisonnable. Une véritable aubaine !

De grand matin, Tibal et Jorge vont prendre le train chacun de leur côté, chargés de leurs bagages et arrivent presqu’au même moment à la gare. Ils se dirigent vers leur nouvelle adresse, celle de madame Monfort.

Leur nouvelle propriétaire, une dame de 70 ans, aux petites lunettes rondes, au sourire avenant, aux cheveux gris montés en chignon, propose son étage à des étudiants pour se permettre un peu d’aisance financière, ayant perdu son mari fort jeune et dans d’étranges circonstances : une chute de lit.

Ils arrivent presqu’au même instant devant la porte de Me Monfort mais à quelques minutes près, ils auraient aperçu une ambulance dévaler la rue, toutes sirènes hurlantes. Ils auraient même peut-être pu voir, derrière la porte entrebâillée une main rajouter une barre supplémentaire sur le tableau d’entrée qui en compte à présent trente.

Les deux nouveaux locataires se présentent bien gentiment à la vieille dame, prennent leurs clés et montent s’installer.

Tibal et Jorge sont ravis de faire connaissance. Ils ont tous deux les mêmes passions. Les soirées vont être longues à parler musique, ciné et voyages. Le studio est petit, un peu vieillot, mais agréable. L’année va être sympathique et placée sous les meilleurs hospices. Ils ne se doutent, pas une seconde de ce qui les attend.

Pas même une heure après leur aménagement, l’armoire de Jorge s’effondre et toutes les étagères, où il venait de placer soigneusement ses vêtements, s’empilent dans un terrible vacarme. De l’autre côté du studio et au même moment, Tibal voit sa table de cuisine s’effondrer en emportant toute sa vaisselle qu’il venait de disposer.

Nos deux locataires descendent, en trombe, chez leur propriétaire pour se plaindre. Celle-ci est désolée. Elle explique l’ancienneté des meubles et la difficulté d’entretenir une maison seule à son âge. Après maintes excuses, nos deux amis remontent dans leur chambre, dégoûtés.

Durant la nuit, les aboiements incessants du chien de Me Monfort les empêchent de fermer l’œil. Première nuit blanche avant de débuter les cours.

Le lendemain, Tibal et Jorge se retrouvent à l’appart. Tibal travaille sur son pc tandis que Jorge mange un bout sur la table. Tout à coup, c’est le noir total. Tibal hurle. Il ne manquait plus qu’une satanée coupure de courant pour annuler tout son travail. Rien n’a pu être sauvegardé.

Lorsque la lumière se rallume, la table s’est écrasée au sol et Jorge, assis, tient ses couverts en mains. Nos deux amis sont rouges de colère, très rouges, et pas seulement de colère. La température de la pièce a grimpé en peu de temps et ne cesse d’augmenter. L’air est étouffant. Jorge essaie de se rafraîchir un peu, mais aucune goutte ne coule du robinet. La situation devient invivable. Tibal se rue vers la porte et manque de peu de se faire écraser par une armoire. Furieux, il descend quatre à quatre les escaliers et se précipite chez Me Monfort. Il est prêt à sonner lorsque, dans l’entrebâillement de la porte, il aperçoit sa propriétaire en train d’actionner les manettes d’un tableau fixé au mur en ricanant.

Complètement déboussolé, Tibal remonte au studio et raconte sa découverte à Jorge.

Après de longues heures de discussions et quelques bières rafraîchissantes, vu la température (heureusement que le frigo était toujours opérationnel), ils décident de contre-attaquer. Ce sera la guerre !

En fin d’après-midi, Me Monfort fait sa sieste habituelle devant la télé, son chien sur les genoux, lorsque nos deux acolytes pénètrent, sans bruit, dans son salon. L’un place des laxatifs dans sa tisane encore chaude, l’autre met des somnifères dans la gamelle du chien.

Me Monfort passa une horrible nuit, suivie d’une horrible journée occupée par des allers-retours incessants aux toilettes. Durant toute la nuit, son chien avait ronflé si fort qu’elle n’avait pu se reposer plus d’une heure en suivant. Epuisée, elle alla se coucher en déposant, comme à son habitude, ses lunettes sur la table de nuit et en laissant tremper son dentier.

Le lendemain, un peu reposée, elle se leva assez tard. A sa grande surprise, ses lunettes et son dentier avaient disparu.

Au même moment, nos deux locataires avaient décidé de seconder Me Monfort dans ses tâches ménagères. Ils ciraient le couloir d’entrée avec vigueur, bien décidés à tout faire briller.

Lorsque Me Monfort sortit de son appartement pour aller promener le chien, elle glissa et s’étala dans le couloir. Son chien, pris de panique, se précipita vers la porte d’entrée en entrainant sa propriétaire à sa suite.

Jorge, le torchon en main, leur ouvrit la porte à tous deux, prêt à rendre service, et les salua au passage.

La petite vieille s’écrasa en-bas des trois marches d’entrée, sur le trottoir. On ne revit plus le chien.

Une ambulance démarre et descend la rue, toutes sirènes hurlantes, emportant Me Monfort à son bord. Le tableau d’entrée restera figé à trente barres. Aucun nouveau tiret ne vint se rajouter avant longtemps.

Premier teste avec la plasticine...









Arrivé des squelettes métalliques...